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CRITIQUE : « Comment s’appelle-t-on ? », Théâtre Yvonne Arnaud ✭✭✭
Publié le
13 septembre 2019
Par
markludmon
Mark Ludmon critique la tournée britannique de la comédie « What’s in a Name? » avec Joe Thomas de The Inbetweeners, actuellement au Yvonne Arnaud Theatre de Guildford.
La distribution de « What's In A Name? » Tournée du Royaume-Uni. Photo : Piers Foley pour Target Live What’s in a Name?
Théâtre Yvonne Arnaud, Guildford (dans le cadre de la tournée britannique)
Trois étoiles
Calendrier de la tournée britannique Peu de drames modernes français parviennent en Grande-Bretagne. Les pièces psychologiques de Florian Zeller sur la vie de famille comptent parmi les rares succès, tandis que la comédie très populaire Art de Yasmin Reza fête désormais ses 25 ans. À une époque où le Royaume-Uni tente de s’écarter du reste de l’Europe, Adam Blanshay Productions s’est donné la tâche admirable d’essayer de faire passer certaines des plus grosses réussites françaises de l’autre côté de la Manche. À Paris, « Le Prénom » de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière a été joué pendant près d’un an, obtenant une série de nominations aux Molières (l’équivalent parisien des Oliviers), avant d’être adapté en film. Depuis, il a été joué dans une variété de langues dans plus de 30 pays. Le traducteur de renom Jeremy Sams a réinventé ce succès mondial en « What’s In a Name? » qui, après avoir été créé au Birmingham Rep en 2017, a été réédité pour une tournée au Royaume-Uni.
Laura Patch, Joe Thomas, Bo Poraj dans What's In A Name?. Photo : Piers Foley pour Target Live
Malgré un excellent travail de traduction et une relocalisation dans le sud-est de Londres, il reste quelque chose de visiblement français dans cette histoire d’un dîner qui tourne aux confrontations et à la violence. Et ce n’est pas seulement parce que deux des personnages sont professeurs de français et qu’un élément clé de l’intrigue tourne autour d’un roman français classique. « Le Prénom » est le type de comédie bourgeoise qui domine encore la scène parisienne, pleine de dialogues intellectuels spirituels et d’idées, qui semble désormais avoir moins d’attrait pour les publics britanniques. Une grande partie du plaisir cérébral de « What’s in a Name? » vient du plaisir d’entendre des personnes intelligentes débattre de la langue et de ses significations, mais le drame ne s’essouffle jamais, accumulant lentement de l’élan et des rires plus grands. Ce qui commence comme une discussion sur la politique des noms se transforme progressivement en quelque chose de plus sur les secrets et les failles cachées dans les amitiés et les relations remontant à 30 ans.
Laura Patch, Alex Gaumond, Summer Strallen. Photo : Piers Foley pour Target Live
La publicité de la tournée affiche l’image d’un bébé avec une moustache d’Hitler, il n’est donc pas surprenant que le catalyseur du drame soit l’annonce par l’agent immobilier Vincent qu'il a choisi un nom tabou pour son fils. La coutume « excentrique et bohème » de choisir des noms « originaux » pour les enfants est l'une des principales cibles de la satire - les hôtes de la soirée, Peter et Elizabeth, ont nommé leurs enfants Gooseberry et Apollinaire. D’autres aspects de la vie bourgeoise sont également mis en lumière, tandis que le menu marocain de la soirée, composé de zaalouk, caviar d’aubergine et couscous, est une extrême appropriation culturelle. Il trouve également le temps d’aborder une série d’autres sujets, de la gentrification au privilège masculin.
Bo Poraj, Alex Gaumond et Joe Thomas. Photo : Piers Foley pour Target Live
Malgré les secrets et les tensions qui sont exposés, même jusqu’au point du sang versé, on ne ressent jamais que les amitiés et les relations sont réellement en jeu. C’est de bonne humeur avec un charme décontracté, rehaussé par de fortes prestations, notamment Bo Poraj en Peter et Summer Strallen en Anna, l’épouse de Vincent, aux côtés de Joe Thomas de The Inbetweeners dans son premier rôle sur scène en Vincent assurément arrogant, Laura Patch en Elizabeth et Alex Gaumond en Carl, son ami d'enfance. Dirigés par Sams lui-même, ils rebondissent brillamment les uns sur les autres, rendant cette comédie sociale agréable même si elle manque de mordant.
Il est excitant de voir un exemple de théâtre français moderne arriver au Royaume-Uni, et Adam Blanshay est également responsable de l’importation d’autres succès français comme la comédie « Edmond » d’Alexis Michalik et la comédie musicale « Notre Dame de Paris ». Il sera intéressant de voir quelles autres découvertes françaises il apportera au Royaume-Uni post-Brexit.
En représentation au Yvonne Arnaud Theatre jusqu’au 14 septembre 2019.
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