CRITIQUE : Le Fils, Duke Of York's Theatre Londres ✭✭✭✭

Mark Ludmon critique le transfert dans le West End de The Son du Kiln Theatre de Florian Zeller au Duke Of York's Theatre, Londres.

Laurie Kynaston dans le rôle de Nicolas. Photo : Marc Brenner

The Son Duke of York's Theatre, Londres Quatre étoiles Réserver des billets

Avec leurs structures narratives changeantes et glissantes, les pièces précédentes de Florian Zeller, The Father et The Mother, capturent les expériences fragmentées de la démence et de la psychose. Dans The Son, il revient à un style de narration plus naturaliste, examinant de manière analytique comment une famille fait face à la dépression adolescente. Mais, sous la direction de Michael Longhurst avec un quatuor de performances puissantes, elle a un pouvoir bouleversant malgré sa structure linéaire plus conventionnelle.

John Light (Pierre) Amanda Abbington (Anne) et Laurie Kynaston (Nicolas). Photo : Marc Brenner

Transférée du Kiln Theatre, c'est la dernière partie d'une trilogie libre explorant l'impact de la santé mentale sur les familles. Quelques noms sont les mêmes que dans les pièces précédentes, mais il s'agit d'un nouveau groupe de personnages avec leurs propres histoires personnelles. L'avocat réputé Pierre et son ex-femme Anne ont du mal à accepter la découverte que leur fils adolescent, leur "petit rayon de soleil", Nicolas, souffre de dépression. Ils veulent croire qu'il ne s'agit que d'une phase, d'un peu de mauvaise humeur adolescente, d'une réaction temporaire à la séparation, mais même Nicolas ne comprend pas ce qui lui arrive. Même la nouvelle épouse de Pierre, Sofia, fait de son mieux pour aider le garçon en difficulté, mais il est douloureusement évident que les parents se bercent d'illusions et qu'il n'y a pas de solutions faciles.

Laurie Kynaston (Nicolas) et John Light (Pierre). Photo : Marc Brenner

Dans ces trois pièces, Zeller ne présente pas simplement les pathologies des maladies mentales, mais se concentre sur l'impact de ces maladies sur les individus au sein d'une famille. The Son pourrait tout aussi bien s'appeler The Father car il traite autant du fait que Pierre est mal équipé pour gérer son fils après avoir été élevé par un père distant et autoritaire. Interprété brillamment par John Light, il veut désespérément briser le schéma mais ne sait pas comment. Les femmes de sa vie sont moins développées, mais Amanda Abbington et Amaka Okafor donnent des performances fortes en tant qu'Anne et Sofia, luttant chacune à leur manière avec l'intrusion de la dépression dans leurs vies. Laurie Kynaston est impressionnant, maîtrisé et nuancé dans sa représentation de la descente de Nicolas dans la dépression, passant de la souffrance silencieuse aux éclats destructeurs.

Laurie Kynaston dans le rôle de Nicolas. Photo : Marc Brenner

Traduit par Christopher Hampton, c'est un drame vivement écrit et constamment captivant, même s'il ne dit peut-être rien de nouveau sur la dépression. Bien que la structure soit moins exigeante que les deux pièces précédentes de la trilogie, Longhurst ajoute des détails plus abstraits à la mise en scène, avec des personnages hantant les scènes des uns et des autres, ajoutant à la fluidité de l'action et nous rappelant que chaque étape de la maladie implique tout le monde dans la famille élargie. Le décor de Lizzie Clachan évoque les maisons des Parisiens fortunés mais, comme dans The Father et The Mother, c'est un arrière-plan cliniquement blanc pour examiner les répercussions de la maladie mentale, changeant de lieu et d'humeur grâce à l'éclairage habile de Lee Curran et à la conception sonore d'Isobel Waller-Bridge. Déchirant et captivant, The Son aborde non seulement l'impact de la dépression mais aussi les défis impossibles de la parentalité.

À l'affiche jusqu'au 2 novembre 2019