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CRITIQUE : La Docteur, Almeida Theatre ✭✭✭✭

Publié le

21 août 2019

Par

libbypurves

Libby Purves critique très librement The Doctor adapté de Professor Bernhardi d'Arthur Schnitzler par Robert Icke, actuellement à l'affiche au Almeida Theatre, Londres.

Juliet Stevenson et Joy Richardson dans The Doctor. Photo : Manuel Harlan The Doctor

Almeida Theatre, Londres

20 août 2019

4 Étoiles

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La pièce Professor Bernhardi a été présentée pour la première fois à Berlin en 1912, après que Vienne – son cadre et la patrie de l'auteur – lui a refusé une licence. Arthur Schnitzler était, comme Tchekhov, un médecin ; il était un Juif autrichien à une époque où la méfiance grandissait. L'histoire appartient passionnément à cette époque : mais l'adaptation très libre de Robert Icke appartient - avec urgence et exaltation - à la nôtre.

La doctoresse – ici une femme, Juliet Stevenson dans le rôle de Ruth – est la directrice-fondatrice d'un hôpital. Un enfant de 14 ans meurt de septicémie après un avortement auto-administré. Ses parents catholiques, se hâtant de rentrer chez eux, envoient un message indiquant qu'elle doit recevoir le prêtre pour les derniers sacrements. Il arrive, mais la doctoresse juge que cela angoisserait la fille de réaliser qu'elle était en train de mourir. Elle refuse l'entrée au prêtre. Mais une infirmière a informé l'enfant, qui meurt donc dans la panique. La fureur qui s'ensuit, alimentée par les parents endeuillés et teintée d'antisémitisme, détruit la vie du Professeur juif.

L'équipe de The Doctor. Photo : Manuel Harlan

Icke prend cette histoire centenaire et la projette, avec un rythme de tambour violent au-dessus de la scène nue, dans la folie combative du monde moderne. La querelle, hélas, sera trop reconnaissable pour un établissement médical du 21e siècle (pensez aux menaces de mort contre les médecins de Great Ormond St au sujet de Charlie Gard). Il évoque un enchevêtrement sauvage et amer de l'hystérie surjouée, du dédain professionnel, du populisme sous pression, de la lâcheté politique et des revendications multiples de victimisation identitaire. Stevenson est le cœur du tourbillon, et les dix autres acteurs changent de rôle avec une glisse délibérée, parfois avec des changements de personnage. Souvent, on déclare que l'un d'eux est d'une race différente : il est étrangement rafraîchissant d'entendre un homme blanc dénoncer le fait qu'il est le seul Noir de l'équipe, et de voir un prêtre irlandais blanc être qualifié d'insulté en tant qu'homme noir lorsqu'il est interdit d'entrée dans la chambre de la fille. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi cela fonctionne, mais ça marche. Cela accentue sûrement l'absurdité des politiques identitaires.

En dehors des questions d'antisémitisme, de méfiance religieuse, d'autorité professionnelle et de débat sur le faux espoir étant dans le « meilleur intérêt » d'un patient de Schnitzler, Icke jette tous les sujets supplémentaires possibles : racisme, sexisme, culpabilité coloniale, identité transgenre, LGBT, Alzheimer, suicide, et la culture de l'indignation par Internet. Comme le crie un médecin « La dernière fois que nous avons découpé le monde en groupes identitaires distincts, nous savons où cela a mené. Aux tatouages sur les poignets des gens ». Accusée de meurtre d'enfant et de nazisme, la Professeur Ruth réplique que l'indignation superficielle (une pétition monte à cinquante mille en quelques instants) mènera à un monde de type X-factor. Sa propre qualification, dit-elle, est donnée par l'école de médecine, et non « par des gens assis dans leur chambre à crier sur Internet... Vous voulez accomplir quelque chose ? Eh bien – faites quelque chose de bien ! Et signez-le ! »

Ria Zmitrowicz et Juliet Stevenson dans The Doctor. Photo : Manuel Harlan

Mais ils la détruisent. Deux scènes diaboliquement brillantes : le comité de l'hôpital alliant lâcheté morale et faim de financements, et un jugement en téléréalité sombrement comique alors qu'un panel affreux est rangé contre elle. Une porte-parole de « Creation Voice » exige un apport religieux, une anti-avortementiste tord le récit pour l'accuser d'avoir elle-même effectué l'interruption ratée, une académicienne de « politiques sociales post-coloniales » insiste sur le fait que « la colère porte sur qui détient le langage ». Même le porte-parole juif s'oppose à ce qu'elle ne pratique pas le judaïsme. Diversifiés eux-mêmes mais unis dans leur désapprobation « éveillée », ils forment une véritable horreur moderne.

En tant que spectacle, c'est la pure essence d'Icke, surchargée par la fusée émotionnelle qu'est Stevenson. Le metteur en scène-adaptateur l'a surchargé : telle une roue de Catherine en roue libre, elle part dans trop de directions. Mais c'est captivant, et Juliet Stevenson est une merveille, avec son étrange sourire en coin s'effondrant en dévastation et une profondeur émotionnelle terrifiante. Il y a l'intégrité, l'arrogance, le dédain, l'humour, la fureur, l'indignation ; à un moment, elle court dans l'espace nu courbé comme un animal piégé. Dans des interludes domestiques tranquilles, elle est humaine, imparfaite et doublement en deuil. Dans une conversation finale réfléchie avec le prêtre dont l'arrivée a tout déclenché, on aperçoit un profond questionnement médical sur la vie, la mort et la valeur de l'espoir. Ironiquement, à la fin, le col de prêtre et la blouse blanche concernent tous deux la foi et l'espoir.

L'adaptation est parfaite pour notre époque aussi : un seul inconvénient logique ne sera remarqué que par les catholiques car depuis les années 1970, le « Sacrement des Malades » n'est plus vu – comme c'était le cas – comme une « Extrême-Onction » réservée uniquement aux lits de mort. Un prêtre moderne ne supposerait pas non plus qu'un adolescent de 14 ans est destiné à l'enfer s'il n'est pas oint. Mais c'est une broutille. Vous ne regretterez pas le billet.

Jusqu'au 28 septembre 2019

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