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CRITIQUE : Pygmalion, West Yorkshire Playhouse ✭✭✭✭
Publié le
17 février 2017
Par
jonathanhall
Natalie Gavin dans Pygmalion. Photo : Manuel Harlan Pygmalion
West Yorkshire Playhouse
8 février 2017
4 étoiles
Actualiser une pièce de théâtre pour la situer dans le contexte contemporain soulève inévitablement des questions sur la capacité de cette pièce à « transcender » sa période originale et prouver qu’elle est pertinente dans une époque différente. Dans le cas du Pygmalion de George Bernard Shaw, ces questions semblent particulièrement pertinentes : l’histoire d’une jeune vendeuse de fleurs élevée dans la société par la transformation de son langage peut-elle réellement fonctionner à une époque où des personnalités comme Jade Goody sont des icônes culturelles et où d’innombrables émissions de téléréalité valorisent les dialectes. La réponse, en ce qui concerne la production divertissante et stimulante de Headlong au West Yorkshire Playhouse, est un oui nuancé.
Nuancé car, malgré les nombreuses innovations visuelles et réfléchies apportées par le metteur en scène Sam Pritchard, le problème fondamental est qu'en Grande-Bretagne début 2017, la façon dont on parle - et même l'endroit d'où l'on vient - n'est simplement plus l'obstacle à la mobilité sociale qu'il était autrefois, ce qui réduit l’impact de la promesse du linguistique pompeux qu'est Henry Higgins de transformer la jeune fleuriste Eliza Doolittle en changeant son discours. De même, sa transformation visuelle est moins spectaculaire simplement parce que les modes ont changé – passer d'une veste bomber et d'un bas de survêtement à un chemisier et un legging est visuellement moins dramatique que du grabby à l'attirail édouardien.
Natalie Gavin et Alex Beckett dans Pygmalion. Photo : Manuel Harlan.
Pour les passionnés de la pièce originale, les innovations sonores et visuelles de Headlong offrent beaucoup de défis. Des séquences prolongées de mots et de sons vocaliques joués et rejoués ainsi qu'une première scène entière où les acteurs sont doublés par les voix des autres vous font réfléchir soigneusement et intelligemment sur la nature de la parole, ce qu'elle est et comment elle nous définit. Pour ce traditionaliste, c’était un cas de « moins est plus » ; une scène où Mrs. Pearce, la voix de la raison pratique de Higgins (promue dans cette production d’une gouvernante à une assistante de laboratoire) danse sur un rythme disco hip-hop semblait un pas de trop.
Cependant, la base solide de la soirée est une pièce à la fois intelligente et axée sur le caractère et qui pose de bonnes questions à son public ; dans ce cas il est servi par une forte distribution ; notable parmi eux était Liza Sadovy en tant que mère de Higgin qui a su transmettre habilement toute une vie d'amour, de cynisme et de lassitude envers son fils pompeux avec une série de soupirs et de haussements d'épaules et Ian Burfield en tant que père d'Eliza qui a livré l'un de ses diatribes 'shaviennes' caractéristiques directement au public sous la forme d’un comédien de stand-up avec micro et projecteur.
La distribution de Pygmalion. Photo : Manuel Harlan
À la fin de la journée cependant, toute production de Pygmalion tient ou échoue par son Eliza et son Higgins : ici le duo Natalie Gavin et Alex Beckett était formidable. L’accent propre de Gavin, de Bradford (en réalité Denholme près de Bradford), ne dérangeait pas du tout ; en effet, il est apparu bien meilleur que bon nombre des Elizas « faux-cockney » que j’ai vues par le passé. Les interludes filmiques de Headlong lui ont vraiment bien servi en permettant au public de voir de près toute la gamme d’émotions faisant surface sur son visage, les entraînant dans le douloureux voyage émotionnel d’Eliza Doolittle. Gavin était efficacement contrastée par Beckett, qui a donné à un rôle menaçant d’être simplifié en vantard fanfaron une véritable profondeur et crédibilité. J'étais inquiet lorsqu'à un moment donné Gavin chantait un numéro de « My Fair Lady » que la production suive la fausse fin sentimentale de cette comédie musicale (une que Shaw détestait) mais je n'avais pas à m'inquiéter. Dans une pièce sur le pouvoir du discours, l'émotion dans leur relation a été dépeinte d'une manière déchirante dans la scène finale à travers des regards et des gestes quand ironiquement les mots les ont abandonnés, Beckett en particulier jouant avec et contre le texte pompeux de Shaw nous laissant entrevoir le véritable homme émotionnel derrière le tyran.
Jusqu’au 25 février 2017
RÉSERVEZ DES BILLETS POUR PYGMALION AU WEST YORKSHIRE PLAYHOUSE
Gavi Sing Chera et Natalie Gavin dans Pygmalion. Photo : Manuel Harlan
Liza Sadovy dans Pygmalion. Photo : Manuel Harlan
Natalie Gavin et Alex Beckett dans Pygmalion. Photo : Manuel Harlan
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