FIL ACTUALITÉ
CRITIQUE : The Audience, Théâtre Gielgud ✭✭✭✭
Publié le
20 mars 2013
Par
stephencollins
L'Audience. Photo : Johan Persson L'Audience
Théâtre Apollo
19 mars 2013
4 Étoiles
Parfois, on va au théâtre pour apprendre quelque chose ; parfois pour rire ; parfois pour voir une prestation éblouissante dans un rôle principal ; parfois pour être confronté, challengé ou amené à réfléchir ; parfois pour être captivé ; parfois pour obtenir un aperçu d'un territoire autrefois inconnu ; parfois pour être ému ; parfois pour vivre l'émerveillement d'une bonne écriture entre les mains d'acteurs qui savent exactement ce qu'ils font et pourquoi ; et parfois, rarement il faut le dire, le résultat d'une expérience théâtrale peut être toutes ou aucune de ces possibilités.
L'Audience, écrite par Peter Morgan, avec Helen Mirren et mise en scène par Stephen Daldry, est l'une de ces rares expériences théâtrales qui embrasse et livre toutes les possibilités dans une méditation riche, finement calibrée et jouée sur la monarchie britannique, la fonction de Premier ministre et l'état de la société britannique en évolution. Il est rare de sentir que l'on pourrait continuer à écouter et à regarder l'œuvre de l'auteur pendant douze heures de plus, mais c'était incontestablement le cas ici.
Le concept est simple : montrer des rencontres imaginées entre la Reine et ses Premiers ministres à différents moments de son règne. Tous les Premiers ministres ne sont pas représentés, mais les vues de la Reine sur chacun semblent claires à la fin de la soirée. Le public voit le jeune monarque être traité avec condescendance par Churchill, amener Major à devenir un homme d'État, s'adoucir lentement envers Wilson, jovial avec Callaghan, glacial et sur la défensive face à une Thatcher vitriolique, curieux à propos de Brown, interroger Eden sur la folie que fut la crise de Suez et usée mais franche avec un ennuyeux Cameron - et, tout au long, plusieurs choses sont claires : le désir de la Reine de servir mais de ne pas être traitée comme une folle ; sa capacité rusée à détecter l'humeur publique ; sa haine des excès de la presse ; son amour pour le Commonwealth et sa haine du racisme ; son amour pour sa famille ; son désir de vie privée et, plus important encore, sa simplicité, la qualité qu'elle voit comme la plus nécessaire pour réussir en tant que monarque.
Mirren est stupéfiante ; elle traverse le temps sans effort, modifiant sa voix, sa démarche, son attitude pour chacune des scènes. Comme le joyau de la couronne virtuelle, elle illumine chaque aspect du personnage, exploitant le rôle pour chaque parcelle d'humanité et d'humour. C'est une prestation maîtrisée assurée par une véritable star. Sa confrontation avec Thatcher (Haydn Gwynne incarne la Thatcher la plus monstrueuse parfaite) est véritablement captivante tout comme son réprimande prudente mais ténue d'Eden (irréprochable Michael Elwyn). Parfois, il est difficile de croire qu'il n'y a pas deux ou trois Mirren, tant elle réussit à interpréter les âges.
Rufus Wright est alarmant de suffisance et authentique en tant que Cameron, John Ritter merveilleux en Major incertain et Nathaniel Parker un Brown parfaitement incarné. Edward Fox est un Churchill flamboyant de bonne facture (dommage de ne pas voir Robert Hardy dans ce rôle) et David Peart est charmant en Callaghan oublié.
Mais c'est le Wilson délicieux, simple et franc de Richard McCabe qui fait le parallèle le plus intéressant avec la position de la Reine : d'abord franc et en quête de réponses (comme elle l'était avec Churchill et Eden), puis à l'aise mais parfois mal à l'aise (comme elle l'était avec Callaghan, Thatcher et Major), puis fatigué et incertain de la façon de continuer face à la vieillesse et à l'oubli (comme avec Brown et Cameron).
C'est une écriture très astucieuse et perspicace de Morgan et Daldry la fait vivre de manière époustouflante sous tous les aspects.
Il y a des scènes où la Reine se souvient d'elle-même en tant que jeune fille et des leçons qu'elle a apprises en préparation de la couronne - celles-ci sont chaleureuses et valent la peine, et la jeune Elizabeth est délicieuse (ce soir, Nell Williams). Geoffrey Beevers fait un Écuyer parfaitement merveilleux et Harry Feltham et Matt Plumb montrent aux hommes de l'étage inférieur de Downton Abbey comment porter un uniforme et être l'incarnation du service à domicile. Charlotte Moore, la nourrice sévère et pratique du monarque, apporte une contribution mémorable dans sa seule mais importante scène.
Bob Crowley livre un décor magnifique et des costumes magnifiquement adaptés à l'époque et il y a un éclairage glorieux de Rick Fisher. La scène où Beaton photographie la Reine est une surprise délicieuse. Comme l'est toute la soirée sous tous les aspects.
Si toutes les productions du West End étaient aussi bonnes, Londres succomberait de pur plaisir.
© BRITISHTHEATRE.COM 1999-2024 Tous droits réservés.
Le site BritishTheatre.com a été créé pour célébrer la riche et diverse culture théâtrale du Royaume-Uni. Notre mission est de fournir les dernières actualités théâtrales britanniques, des critiques du West End, et des aperçus du théâtre régional ainsi que des billets pour les spectacles londoniens, afin que les passionnés puissent rester informés de tout, des plus grands musicals du West End aux théâtres de la scène alternative. Nous sommes passionnés par l'encouragement et le soutien des arts de la scène sous toutes leurs formes.
L'esprit du théâtre est vivant et prospère, et BritishTheatre.com est à la pointe pour offrir des nouvelles et informations opportunes et autoritaires aux amateurs de théâtre. Notre équipe dédiée de journalistes théâtraux et de critiques travaille sans relâche pour couvrir chaque production et événement, facilitant votre accès aux dernières critiques et à la réservation de billets pour les spectacles londoniens des pièces incontournables.